Antarcticas : Le livre de Etienne Cunge

Seconde rencontre avec Etienne Cunge après Symphonie atomique qui m’avait moyennement convaincue. Cette fois, c’est son premier roman, remanié pour cette nouvelle édition qu’il nous propose. C’est à nouveau un vrai page turner mais peut-être un texte un peu trop boursouflé pour moi. En effet, en lisant le résumé, je m’attendais bien au roman d’anticipation + intrigue page turner façon film catastrophe que j’ai eu. J’avais en revanche l’espoir d’une science bien plus présente que je ne l’ai eu et je suis donc restée sur ma faim. Pire, peut-être à cause de remaniement qu’a vécu le texte, je l’ai trouvé rempli de longueurs et bien trop long pour ce qu’il avait à raconter. Encore un rendez-vous un peu manqué, zut ! Il y a pourtant plein de choses intéressantes dans le long essai anti-colonialiste qu’est Antarcticas. L’auteur nous plonge dans une science fiction d’anticipation des plus crédibles où le peuple natif de l’Antarctique souhaite sont indépendance tandis que les grandes puissances aimeraient au contraire s’approprier une souveraineté qu’ils n’ont pas dessus pour exploiter ce petit bout de terre qui reste encore vierge de leur intervention tandis que le reste du globe prend l’eau avec le réchauffement climatique. C’est un récit fiction très crédible. J‘ai aimé le discours très anti-colonialiste et impérialiste de l’auteur qui fait ainsi un joli parallèle avec, notamment, les autochtones amérindiens et africains. J’ai aimé également son regard assez cru et juste sur jusqu’où sont prêts à aller les puissants pour retourner une situation et passer pour ceux qui défendent une cause juste alors qu’ils n’ont provoqué que le chaos. De la même façon, la mise en scène des activistes m’a semblé crédible bien que parfois à la limite de l’exagération. C’était en tout cas intense de suivre à travers le monde les différents personnages qui agissaient dans l’ombre ou pas sur la situation à leur échelle, façon battement d’aile de papillon provoquant un tsunami. Il y avait de l’action, de la politique, des complots et des tentatives pour contrecarrer tout ça. Scientifiquement l’auteur a su me mettre l’eau à la bouche avec ses histoires d’IA, de médecine avancée, de recherche sur une combinaison permettant de rendre l’homme totalement autonome allant jusqu’à modifier son génome afin qu’il s’adapte aux nouvelles conditions de vie sur Terre. Malheureusement, c’est juste en fond, en décor, et vraiment pas assez exploité, ce qui m’a frustrée. Idem, avec l’exploitation minière de l’Antarctique que je pensais voir bien plus développée… Il y a des pages et des pages où il se répète sur ce que chacun manigance et la façon dont les »gentils » y répondent mais pas assez de réels développements sur l’univers pour l’approfondir, ou sur la science et les personnages qu’on va croiser. L’auteur reste assez en surface avec eux malgré ses tentatives pour nous attendrir avec leurs amours, leurs coucheries (oh mon dieu que c’était maladroit de chez maladroit de ce côté-là, pour ne pas dire malaisant…), leurs idéaux, leurs actes militants. Mais au final, aucun ne me reste vraiment en mémoire, ils ne furent pour moi que des outils à une histoire se voulant avant tout divertissante, tel un thriller d’éco-politique fiction. Et moi, j’aime les personnages marquants. Je ressors donc à nouveau frustrée par cette rencontre. Je reconnais les bons éléments distillés par l’auteur autour de sa critique de nos modèles impérialistes, de nos manipulations des informations et des masses, de notre recours trop facile à des moyens armés, etc. Mais il m’a appâtée avec une science qui n’est au final qu’un décor bien succinct dans une histoire plus fiction que science. Alors pour les amateurs de thriller politique fictif, c’est parfait. Pour les amateurs de SF qui fait wow, un peu moins. Je laisse la liberté à chacun de choisir son camp comme l’auteur l’a fait dans son histoire.