La Danse des oubliés : Le livre de Johanna Krawczyk

La plume de l’autrice et son originalité font de ce roman un moment très agréable . Luce est une jeune fille de 17 ans qui sombre dans la tristesse et la culpabilité devant la mort de sa petite sœur. Celle-ci se retrouve dans la rivière du village tout comme Elsa la sœur de Matthias bien des années plus tôt. Matthias, surnommé le Maudit va étre celui que le village accusé mais pourtant va été celui que Luce va solliciter pour l’aider à trouver le coupable. Ensemble ils vont donc affronter les secrets des villageois. Le style mêlant prose et poésie apporte quelque chose de plus. L’émotion est palpable. Les chapitres alternent entre la voix de Luce et celle de Matthias nous donnant ainsi un double point de vue. Matthias m’a fait penser aux personnages souvent dépeint par Arto Paasilinna et il m’a d’emblée plu. C’est un personnage qui fait figure de bouc émissaire et qui montre la force des secrets et de l’imaginaire collectif . Ce roman a toute sa place parmi les grands.

Luce et Maud sont sœurs. Elles vivent avec leurs parents au Douglas, un hôtel qu’ils ont retapé. Luce a décidé d’être danseuse contre l’avis de son père. Sa vie va être mise entre parenthèses lorsqu’on va découvrir le corps sans vie de Maud dans l’Eau-Rouge, la rivière qui borde le village de Belle-Rose là où ils vivent. C’est une petite communauté et tout le monde pense que le coupable ne peut être que Matthias, le Maudit, celui qui ne parle pas. Mais Matthias, personne ne le connaît vraiment. Il vit reclus. Alors pourquoi lui ? Quelles preuves ? Aucune ! Ça n’est pas grave, c’est forcément lui. Contre tous, Luce demande son aide au Maudit pour trouver qui a fait ça à sa sœur. Contre toute attente, Matthias va l’aider, notamment parce que cette macabre découverte n’est pas sans rappeler la triste fin de sa sœur, Elsa, morte dans des circonstances similaires. Belle-Rose, c’est une petite communauté. Tout le monde se connaît. Et si le tueur était parmi eux ? Qu’il sévissait depuis longtemps déjà ? Et qui avait remis cela ? Luce ne peut se résoudre à abandonner sa sœur une seconde fois, elle doit trouver, quitte à se mettre tout le village et sa famille à dos et à déterrer des secrets que chacun aurait voulu laisser derrière soi. Un livre qui se dévore et se lit d’une traite. Il est court, mais le style est fluide et poétique malgré la lourdeur du sujet. Une alternance entre la vie de Matthias et celle de Luce et leur vision de cette histoire qui a des origines bien plus profondes qu’il n’y parait. Une réussite totale.

La Belle et la Bête ou Luce et le Maudit. Sous ses allures de polar, ce roman est avant tout une réflexion profonde sur l'apparence et la bonté du cœur. Une leçon universelle qui résonne comme un écho des contes d'autrefois. Car au-delà de l'enquête sur la mort tragique de la sœur de Luce, l'histoire explore avant tout la réparation de deux êtres solitaires et brisés. Luce, jeune femme forte, courageuse et révoltée, croise la route de Mattias, un homme taciturne, reclus et rejeté par les habitants du village. L’autrice dépeint avec sensibilité ces deux personnages profondément humains. Leur relation, construite sur une lente alchimie, est le cœur du récit, bien plus que l'intrigue policière en toile de fond. Ce court roman se distingue par plusieurs éléments d'originalité. Tout d'abord, les passages en vers libres qui ponctuent les chapitres. Ces envolées poétiques plongent le lecteur encore plus profondément dans l'univers du livre, en lui offrant un accès direct aux émotions des personnages. Ensuite, l'alternance des points de vue entre Luce et Mattias, qui enrichissent la narration et donnent une voix authentique à chacun. En moins de 200 pages, l’autrice parvient à créer une ambiance de village oppressante et intense, tout en captivant le lecteur par l'émotion et la tension qui s'en dégagent. Parfois, il n'est pas nécessaire de s'étendre sur des centaines de pages pour raconter une histoire profondément marquante. Je remercie les Éditions Héloïse d'Ormesson de m'avoir offert la chance de découvrir ce roman bouleversant.

Dans le paisible village de Belle-Rose, le corps de Maud est retrouvé sans vie dans la rivière. Pour Luce, sa sœur, cette tragédie bouleverse profondément sa vie et remet en question les projets qui lui tenaient tant à cœur, l’obsédant par le besoin de connaître la vérité sur la mort de Maud. Résolue à découvrir la vérité, elle fait équipe avec Matthias, un homme solitaire marqué par un drame similaire survenu trente ans auparavant. À travers une écriture à la fois tendue et poétique, Johanna Krawczyk nous livre un roman à deux voix, qui mêle enquête prenante et poignante. L’atmosphère sombre et mystérieuse imprègne cette quête de vérité, rendant l’histoire encore plus captivante. Un récit court et vibrant où se croisent douleur, résilience et espoir, porté par une plume délicate. Un très beau roman à découvrir, qui m’incite vivement à lire le précédent ouvrage de cette autrice talentueuse.