La fabrique des derniers hommes : Le livre de Aurélien Berlan

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La Découverte

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En s'appuyant sur l'œuvre des " pères fondateurs " de la sociologie allemande, Weber, Simmel et Tönnies , un essai original sur le diagnostic historique du temps présent, sur la base d'une analyse des forces socioéconomiques et socioculturelles qui façonnent notre humanité, qui travaille toute une partie de la pensée moderne.

Curieuse époque que la nôtre, où le " progrès " – la transformation des conditions de vie liée aux applications sociales de la science – n'a jamais été aussi rapide, mais où seuls quelques idéologues croient encore que nos enfants auront une vie meilleure. Car les crises économiques, sociales et écologiques s'accumulent sans fin. Ce paradoxe s'éclaire si l'on revient à l'aube de notre temps, à l'époque où le capitalisme industriel, l'État bureaucratique et la science organisée se sont brutalement mis en place, et aux diagnostics historiques de ceux qui ont cherché à en saisir les implications pour la vie humaine.
Max Weber, Georg Simmel et Ferdinand Tönnies ont identifié avec une lucidité implacable les pathologies constitutives de notre époque : la marchandisation générale, l'érosion du lien social, la perte de sens et de liberté liés à l'emprise des organisations bureaucratiques. Tout l'intérêt de leur sociologie est d'analyser ces évolutions en se demandant, concrètement, quel monde elles créent et quels types d'être humain elles engendrent. Ce faisant, ils mettent en évidence des aspects de la modernité capitaliste en général négligés, car trop intimement liés à ce qu'elle a fait de nous.
Grâce à ce détour, on pourra se défaire des illusions véhiculées par ceux qui continuent de prôner, malgré tout, les vertus de la croissance et du développement industriel, ou qui annoncent que nous serions enfin sur le point d'accéder à la " société postindustrielle ". Telle est la condition pour être à la hauteur des tâches qui incombent aujourd'hui à celles et à ceux qui n'ont pas renoncé à l'idée d'émancipation.

De (auteur) : Aurélien Berlan

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Expérience de lecture

Avis des libraires

L'objectif premier de ce livre de philosophie sociale est de convoquer les fondateurs de la sociologie allemande pour nous aider à penser notre présent.
En s'inscrivant dans le programme de recherche
de l'école de Francfort, l'auteur montre que, déjà, Ferdinand Tönnies, Georg Simmel et Max Weber avaient perçu la montée de puissances nouvelles qui allaient bousculer notre modernité. F. Tönnies, le premier, s'est fait le théoricien d'un grand basculement qui a conduit de la communauté vers la société. La bascule a provoqué ce faisant la dissolution de formes de vie ancestrales au profit de liens sociaux plus lâches et plus incertains. G. Simmel a analysé pour sa part les drames d'une culture moderne vampirisée par des formes sociales (l'argent au premier chef) qui contrôlent et contraignent les hommes, ceux-là même qui ont pourtant contribué à leur avènement. De M. Weber,
Aurélien Berlan retient enfin la fameuse thèse du désenchantement du monde, expression d'un poids toujours croissant d'une rationalité instrumentale qui a fabriqué les " derniers hommes "
de la civilisation occidentale. Chacun à leur manière,
les trois sociologues ont tôt diagnostiqué les pathologies majeures – marchandisation générale, effritement du lien social, emprise bureaucratique – dont notre époque fait désormais les frais. Un regard plutôt sombre, on l'aura compris, sur nos sociétés modernes.

|Clément Lefranc
Sciences Humaines

La longue introduction de cet ouvrage adapté d'une thèse offre une réponse limpide et percutante à la question décisive : qu'est-ce qu'un diagnostic historique ? Comment relier le savoir, la connaissance possible des médiations de notre monde commun à un jugement éthique qui autorise à se prononcer sur le présent, et à lutter contre ce qui pour nous ne va pas ? Qu'est-ce qu'un " savoir-juger " ? A travers les textes et les trajectoires des premiers sociologues allemands, Ferdinand Tönnies (1855-1936), Georg Simmel (1858-1918) et Max Weber (1864-1920), l'auteur fouille la préhistoire de la " théorie critique ", courant marxien né à Francfort avant la seconde guerre mondiale au sein de l'Institut de recherche sociale. De la communauté à la société, de la monnaie au capital, de l'éthique à la norme, tous interprètent les symptômes –; rationalisation, réification –; d'une modernité soumise aux bureaucraties d'entreprise ou de parti avec une certaine résignation. Ce n'est pas le cas d'Aurélien Berlan.

|Thibault Henneton
Le Monde diplomatique

Les origines de la sociologie allemande, en ce qu'elles inaugurent une théorie critique de la société, ont rarement été appréhendées avec une telle acuité philologique et critique. L'ouvrage d'Aurélien Berlan, issu d'une thèse de doctorat en philosophie, s'impose ainsi comme un texte important. Par l'évocation de trois grands noms de la théorie sociale telle qu'elle se développait au tournant des XIXe et XXe siècle en Allemagne – Ferdinand Tönnies (1855-1936), Georg Simmel (1858-1918) et Max Weber (1864-1920) –, l'auteur s'attache à revenir sur l'un des premiers grands mouvements critiques de la modernité industrielle. Les phénomènes de bureaucratisation, de marchandisation, de développement de la science organisée ou d'urbanisation furent appréhendés par ces trois grandes figures comme facteurs de dégradation et de dépossession d'une forme de vie authentique. L'illusion progressiste dogmatique, dans la mesure où elle ne voit dans la modernité qu'un unique mouvement libérateur, est soumise à un examen radical. C'est précisément l'idée d'un capitalisme comme " cage d'acier " (selon la célèbre formule de Max Weber), d'une colonisation du monde vécue par de grandes objectivités abstraites comme l'État, l'argent ou le marché, qui vient rompre le grand récit moderniste de l'émancipation par le progrès technique. Ce que l'histoire des idées a retenu sous le nom de Kulturkritik (que l'on pourrait traduire par " critique culturelle ") est ici réhabilité et présenté comme la matrice de tout un pan de la critique sociale. Que ce soit du côté de l'École de Francfort, de Gunther Anders, des courants anti-industriels, des auteurs proches de l'Encyclopédie des nuisances ou encore d'une certaine écologie politique critique (Jacques Ellul, André Gorz), tous semblent puiser leurs sources auprès de ce scepticisme originel envers les promesses de la modernité. Un pessimisme historique qui peut sembler à maints égards problématique – l'écueil d'une critique de type réactionnaire ne peut jamais être totalement écarté – mais qui a le mérite de mettre au premier plan la nécessaire réflexion sur la vie mutilée telle qu'elle se déploie dans le capitalisme contemporain. " Ce qui fait l'intérêt persistant de la sociologie allemande, c'est de poser une question délaissée aujourd'hui, celle de la "fabrique des derniers hommes'. "

|Vincent Chanson
L'Humanité

Prenant ses distances avec une sociologie institutionnelle mettant son expertise au service de pouvoirs commanditaires et devenue bien souvent une forme d'ingénierie sociale, le présent ouvrage est un plaidoyer convaincant et éclairant en faveur d'une conception critique de la sociologie dont on est en droit d'attendre qu'elle nous permette d'établir un diagnostic historique sur la situation spirituelle de notre époque. À une sociologie science auxiliaire de l'administration, l'auteur oppose une sociologie critique. Aussi travaille-t-il à établir les liens entre la théorie critique de l'École de Francfort – ce travail est issu d'une thèse soutenue sous la codirection d'Axel Honneth – et l'anthropologie de ceux qu'on a pu appeler les pères fondateurs de la sociologie allemande : Ferdinand Tönnies, Georg Simmel et Max Weber.

|Jean-Philippe Pierron
Etudes

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Fiche technique du livre

  • Genres
  • EAN
    9782707172945
  • Collection ou Série
    SH / Théorie critique
  • Format
    Grand format
  • Nombre de pages
    344
  • Dimensions
    224 x 138 mm

L'auteur

Aurélien Berlan

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24,50 € Grand format 344 pages