L'Héritière : Le livre de Gabriel Bergmoser

J’ai beaucoup aimé ce livre, et je ne m’attendais pas à prendre autant de plaisir à lire ce roman noir, éperdument noir, avec une héroïne hors du commun. Et pourtant, Maggie n’a toujours aspiré qu’à une seule chose depuis sa plus tendre enfance, c’est à dire depuis que sa vie avait basculé : une existence normale, ordinaire, sans violence. Elle pensait l’avoir trouvé loin de Melbourne, là où elle a grandi. Et puis paf ! la mouche dans le lait, ou plutôt dans la bière qui coule à flot dans le bar où Maggie travaille, et son instinct reprend le dessus. Comment survivre, comment, aussi, se débarrasser de ceux qui nuisent aux autres. Maggie a développé des capacités hors du commun. Cependant, elle n’est pas une super héroïne, les cicatrices qu’elle a sur le corps, celles qu’elle gagnera au cours de ce récit à cause des très nombreuses blessures qu’elle recevra sont les traces de ces combats, gagnés ou perdus : on ne peut sauver quelqu’un malgré lui. Maggie a toujours cherché une famille, sa famille d’abord, surtout sa mère qui l’a abandonnée quand elle était toute petite. Elle cherche aussi, quelque part, un père de substitution. Cependant, elle est tout sauf naïve, elle ne pardonne pas, surtout pas à cet ancien collègue de son père qui se rapprochait certes le plus possible d’une figure rassurante, mais fermait les yeux sur beaucoup de choses. Lui et son fils Aaron constituaient pourtant cette famille qu’elle rêvait, mais dont elle n’a jamais fait partie. Elle n’est pas la seule à se chercher un père, peut-être parce que les pères de ce roman peinent à transmettre leurs valeurs, veulent que leur enfant leur ressemble en tout point, ou bien celui-ci leur ressemble tellement que toute entente est impossible. Il en est qui se cherche des enfants de substitution aussi, et cela n’est pas une autre histoire, cela fait partie intégrante du périple de Maggie pour… Pour quoi, au juste ? Elucider une enquête policière ? Mener un combat qui n’est pas vraiment le sien ? Tenter, enfin, de retrouver une existence ordinaire ? Un peu de tout cela à la fois. Cela donne un roman violent, brutal, dans lequel toutes les manœuvres tortueuses sont permises. Vous êtes prévenus.

Un thriller dont on pourrait tirer un film d'action au rythme nerveux avec des morts à la pelle et des litres d'hémoglobine. Une course poursuite, des gang de bikers, des flics véreux. Une héroïne déjantée, petite soeur de Lisbeth Salander, qui n'hésite pas à punir les "méchants" ou à se défendre violemment, à la limite du gore, dans une forme de justice auto-proclamée et d'instinct de survie. Elle rêve de mener une vie normale mais se demande si c'est possible après une enfance maltraitée entre la violence du père et l'abandon de la mère. Beaucoup de dialogues. Des scènes nocturnes saturées de bruit des sirènes et de la lueur des gyrophares. Décor australien, âpre, brutal, ça me fait penser à la génialissime série de Jane Campion : Top of the lake. Une dimension psychologique avec des remords pour les flics véreux, des introspections pour les enfants de flics véreux. Deuxième roman de Gabriel Bergmoser, on n'est guère surpris d'apprendre que l'auteur est scénariste, ce roman est "filmé" caméra à l'épaule, on rebondit à chaque fin de "scène-chapitre".

Maggie est un personnage apparu déjà dans le roman précédent de l'auteur, "la Chasse",  que je n'ai pas lu, mais cela ne m'a pas dérangée pour comprendre l'histoire. Elle vit maintenant dans la paisible ville touristique de Port Douglas,  travaille comme serveuse et mène une existence très solitaire, souhaitant conserver son anonymat. Cependant, un trafiquant, un soir, vient effrayer son patron,  et Maggie, réfractaire à la violence en réponse à celle qu'elle a subie depuis l'enfance par son père,  policier alcoolique,  va réagir avec virulence, et s'en faire un ennemi. Puis c'est un ancien collègue de son père, Harrison, qui la contacte pour essayer de récupérer un disque dur contenant des preuves pour une enquête qu'ils menaient. Maggie y voit plutôt l'occasion de retrouver la trace de sa mère,  qui l'a abandonnée enfant. Et la situation devient explosive lorsqu'un gang de bikers semble impliqué. Ici, pas de fonds sociétal ou psychologique pour ce polar plein d'adrénaline, c'est un "revenge thriller" avec une héroïne badass à souhait, et parfois ça fait du bien aussi...Un récit court et nerveux, qui n'exclut pas la présentation dépaysante de paysages australiens, si on ne s'attarde pas sur les facultés de récupération de Maggie, c'est de la pure détente avec beaucoup d'hémoglobine!

Maggie est une jeune serveuse à Port Douglas, une petite station balnéaire dans le nord de l’Australie. Elle se fait le plus invisible possible : elle travaille dans un bar un peu miteux, vit seule, ne sort pas. Tout dégénère quand un malfrat s’en prend au patron de Maggie. Celle-ci vrille et décide de faire justice elle-même. Car Maggie a une personnalité très sombre et une tolérance pour la violence qui va bien au-delà de ce que peuvent encaisser les individus lambdas. Mais cette vengeance va lui attirer des ennuis. Maggie se retrouve prise entre trois feux : des mafieux, un gang de bikers et la police. Maggie va devoir s’en sortir seule et affronter une partie de son passé pour espérer survivre. Ce court thriller ne laisse pas une minute de répit au lecteur. C’est explosif, la tension est là à chaque page, le personnage de Maggie est fascinant. Je conseillerais juste aux âmes sensibles de s’abstenir. Ce livre se lit très bien seul, mais Maggie était l’héroïne du précèdent roman de l’auteur, La chasse, un thriller tout aussi explosif. Enfin, si vous aviez aimé il y a quelques années le livre de Tess Sharpe, Mon territoire, vous aimerez celui-ci sans aucun doute. Un grand merci à Netgalley et Sonatine pour cette lecture.